'Roman réel d’une émission de télé réalité' par Nicolas RIEFFEL

Journal d'une émission culinaire
« La magie de cette aventure nous porte vers des rêves inépuisables de bonheur, tel un mirage d’oasis en plein désert nous garantissant une paix salvatrice »

Revivez à travers les yeux de Nicolas RIEFFEL, le candidat Alsacien de la première saison de la plus grande émission culinaire pour amateurs de cuisine, MASTERCHEF sur TF1, ce que vous n’avez pas pu vivre de l’intérieur.

D’une façon romancée, vous allez cuisiner en temps réel, transpirer avec les candidats, attendre le verdict du jury et enfin, avoir des réponses à vos questions.

Pour la première fois en France, découvrez le premier « Roman réel d’une émission de télé réalité » grâce au Journal d’une émission culinaire.

Veuillez découvrir ce communiqué de presse annonçant mon partenariat avec Bouquivores éditions.

Vous trouverez ci-dessous un extrait du journal.

Voir le la fiche de lecture du livre « Journal d’une émission culinaire » pour le soutenir sur
http://bouquivore.ning.com/page/journal-dune-emission

Bonne lecture gourmande.



Extrait numéro 22 du livre Roman réel d’une émission de télé réalité par  Nicolas RIEFFEL

"Notre bras armé d’acier s’élance sur le périph’. Il zig zag au milieu des tonnes de fer, se faufile bon gré mal gré au nez des pilotes chevronnés.

Ceux qui connaissent Paris réfléchissent déjà à un lieu insolite, une destination de folie. Nous fabulons sur tout.

Un panneau : le parc Disney ? Un clignotant : Rungis ? Nous ne tenons plus en place.

La fréquence radio passe du morceau house aux vieilles chansons françaises, ce qui à l’air de plaire à Thomas qui chante avec satisfaction sur un tube du grenier. On se marre bien, heureusement qu’il n’a pas postulé à la Star Ac’

Je suis totalement déboussolé. Plus de Nord, ni de Sud. Juste une route dans mon dos. Je suis totalement agité par cette idée de ne pas savoir où et comment nous allons être cuisinés.

Nous sommes cette viande qui attend de découvrir les ingrédients qui vont la sublimer. L’attente d’être rôtis ou grillés. Je préfère la première solution, elle est moins violente.

Pour l’instant, c’est le parc Disney qui tient la première place dans les suffrages. Merde, une épreuve en extérieur avec ces températures hivernales, on va bien déguster. Le froid qui risque de paralyser nos mains, nos muscles. Ils ne vont pas nous faire ça quand même. C’est marrant comme on peut vite prendre goût à cette mise en scène de nos vies. On nous conditionne à donner le meilleur de nous même depuis dix jours, à fouiller dans nos tripes et en extraire le Saint Graal qui fera exploser notre art.

Et à présent, dans un bolide de métal qui fuse entre les voitures, vitres fumées en guise d’oeillères, nous nous laissons aller à nous imaginer dans la peau de rock stars, partant pour un show. Les automobilistes sont intrigués par ces trois véhicules qui se suivent.

Un cortège politique ? Lady gaga ? Rien de cela, juste douze passionnés de cuisine qui ont une pierre à la place de l’estomac et qui n’ont qu’une hâte, que leur carrosse s’arrête afin qu’ils découvrent le chaudron où la magie va naître.

Nous profitons des fameux bouchons parisiens pour discuter de nos vies, de nos boulots, de cuisine. Je découvre que dans chaque candidat enfermé avec moi dans ce tank, vit un guerrier, prêt à tout arracher. Il ne manque plus qu’un bouclier et une épée pour m’imaginer dans les geôles du Colysée de Rome.

Même si le regard est haut, les muscles tressautent de temps à autre quand nous prenons une sortie.

Nos neurones se connectent à la vitesse d’un mirage. Nos poils s’hérissent sous les coups acharnés de nos battements qui manquent à plusieurs reprises d’exploser. Et quand le bolide s’élance à nouveau, on retrouve notre souffle, en espérant que le calvaire s’arrêtera bientôt.

Une petite pause pour nos vessies qui sont mises à rude épreuve et nous continuons note chemin de croix. Je regarde à travers cette fumée qui obscurcie ma vision. J’ai mal, trop mal. Même l’envie de tout déterrer ne prend pas la place de cet enfer qui me consume. Il ne me reste plus qu’une épreuve, et je serai libre d’attendre que mon destin prenne la suite des événements en main. Pour l’instant, c’est moi, et uniquement moi qui tient les rênes.

Steve me sort de mes cauchemars. Nous avons l’air d’arriver car nous avons pris une sortie qui nous éloignes du périph’.

Le caméraman se met en position à la place du passager afin de nous cadrer.

C’est clair, nous ne sommes plus trop loin.

Les langues se délient, nous oublions nos micros. L’ébullition illumine la carlingue. Nous découvrons l’arrière d’un grand bâtiment blanc, puis un énorme parking.

On se regarde : « Un supermarché ! »

Mais pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt !!! Waou, mais ça va être l’éclate ! Nous scrutons chaque endroit.

On se tape dans les mains, on se congratule sans savoir pourquoi, mais nous avons ce besoin d’expectorer ce surplus d’envie, de folie, de trac. Notre char s’amuse à jouer avec nos nerfs, on en profite pour chambrer son pilote, ce qui a le don d’amuser notre caméraman.

Nous apercevons des têtes connues devant le magasin : des techniciens, des coordinateurs, des preneurs de son, des caméramans.

Je souffle et canalise cette respiration qui se veut de plus en plus rapide. Mon bide est à deux doigts d’exploser. Il hurle avec démence son envie d’enfin connaître la suite afin de survivre à cette épreuve.

Mes mains moites font des aller-retours sur mon jean avant de se retrouver pour un massage frénétique.

Thomas se déboite la nuque à force de tourner la tête dans tous les sens. Nos pupilles grandissent sous le flux d’endorphine prête à canaliser nos forces.

Ca y est, la voiture s’arrête. J’insuffle un grand bol d’air chaud avant que le froid nordique ne s’enfonce dans l’habitacle. L’agression est difficilement encaissable pour nos organismes totalement endormis.

Nous nous lançons hors de vue de notre chauffeur après l’avoir salué. Nos affaires peuvent rester à l’intérieur, signe que nous allons bientôt reprendre la route.

Le parking est parsemé de clients déambulant au milieu des voitures. Au bout de leur bras, des masses de métal à roulettes, vides et pleines, cela dépend du sens qu’ils donnent à leur route. On se croirait dans I Robot, mais les robots sont bien des humains, vissés dans leur monde, au regard éteint.

Nous retrouvons les équipes et le reste des candidats. Des bises tentent de claquer l’air, mais il fait bien trop froid. Nous décidons de rentrer en attendant la suite des consignes. Les clopes qui venaient de s’allumer se consument si vite que j’ai du mal à y croire, seule l’odeur de tabac froid survit comme seule trace de leur passage.

A l’intérieur, les humains ont enfin l’air intrigué par ces gens qui se déplacent en meute sans chef pour les orienter. Ca doit être tout de même les caméras qui les turlupinent.

Un bar se trouve sur notre droite, certains s’y jettent pour s’abreuver d’un café, d’autres négocient l’accès aux toilettes. Les filles savent être persuasives quand elles le désirent.

J’attends patiemment mon tour car le temps sera long et extrêmement tendu. Nous sommes galvanisés par cette folie qui s’empare de cette épreuve, c’est simplement génial. Un magasin pour nous, le rêve de toute personne. Je lâche à Karim :

« Tu te souviens de Mickael YOUN dans les 11 commandements ? »

« Je vois le film, mais, euh non, pas vraiment »

« Si, si, réfléchis bien, le passage où ils sont tous dans un supermarché, avec des vigiles qui les coursent ? »

« Ah oui effectivement ! »

Je lui offre mon plus beau sourire.

« Non, non, non, Nico, c’est notre partenaire, non, non, fais pas le con !!! »

Une tape dans le dos plus tard, je le laisse sur cette dernière image du film où le chaos alimentaire gisait après une lourde bataille de grands adolescents lâchés dans la fosse au diable.

Je zone avec Thomas, Steve, Cédric et Benoit. On réfléchit à ce qui nous attend. Les premières pistes sortent : épreuves par équipe avec temps limité pour faire les courses d’un menu. Ca me semble le plus crédible.

En épreuve individuelle, ce serait trop chaud à filmer, même si je laisse partir mes songes loin, très loin, à une épreuve où chacun pourrait choisir ce qu’il veut et se laisser porter par ses goûts, ses envies et ses désirs. Je pourrai facilement trouver des produits de ma région et revisiter des plats, le pied !!!

Jeanne nous invite à nous regrouper. Nous allons bientôt connaître le fin mot de cette future histoire que nous devons écrire. Ma gorge commence à se serrer, j’ai du mal à déglutir. Mon

bide m’hurle d’arrêter ce supplice et mon cerveau tente de me convaincre que c’est bon là, on arrête et on rentre se reposer. Rien à faire, la foudre qui m’anime est bien trop grande pour la refouler.

J’ai qu’une hâte, lâcher les chevaux et libérer le soldat qui tourne en rond depuis ce matin.

Nous entrons dans le magasin. Des regards amusés fondent sur nous. Nous nous arrêtons devant une caisse. Dans quelques secondes l’épreuve sera annoncée. Mon coeur pompe tout ce qu’il peut pour envoyer un maximum d’oxygène à mes artères. Mes valves sont quasiment ouvertes en continu. La veine de mon cou est au bord de l’explosion. Deux lettres arrivent.

Je ferme les yeux.

Thomas est à mes côtés et me tient par l’épaule. Les mots tombent. L’introduction est faite en douceur, on nous passe un peu de pommade pour ne pas passer pour les loosers de la veille. Puis, tel un couteau s’abattant sur nos corps, l’épreuve est presque expliquée à demi mot. Tout fonctionne au ralenti, j’ai du mal à encaisser les infos, mes jambes sont prêtes à se dérober. Mes mains sont moites. Je n’arrive pas à canaliser le cannibale de guerrier qui incendie mon âme.

« C’est une épreuve par équipe … L’équipe bleue sera composée d’un chef d’équipe, Fabien … L’équipe rouge sera composée d’une chef d’équipe, Armel … Vous devez réaliser trois plats … Les bleus sur le thème de l’Italie … Les rouges sur le thème de l’Asie … Vous avez une minute pour définir un menu … Vous avez dix minutes pour faire vos courses … Vous ne devez jamais quitter votre équipe et faire les courses ensemble … Armel avec les hommes … Fabien, avec les femmes … »

Thomas me compresse tellement l’épaule que je commence à me reconnecter avec la réalité.

« Putain, excellent Nico ! »

Les tabliers sont distribués, les rouges se retrouvent très vite ensemble avant que le top départ soit annoncé. Nous allons avoir besoin d’organisation, nous sommes, les mecs, tous des

leaders dans l’âme, avec dans nos vies des postes à responsabilité qui font que naturellement nous avons l’habitude de diriger. Mais là, il a une chef désignée.

En moins de trente secondes, nous nous mettons d’accord pour qu’Armel garde son rôle de Chef et que nous soyons sous son autorité. Un point fort pour nous car, sans s’expliquer, nous acceptons tous cette idée, la seule qui nous fera avancer vite.

Nous demandons à gauche et à droite quelques explications techniques qui vont être précieuses dans le déroulé de l’épreuve. Je suis dans une bonne équipe. Steve à l’air prêt à laisser parler ses glaives, Thomas est chaud bouillant et pour Cédric et Benoit, c’est de l’or, ils ne se quittent plus depuis le casting.

Mon expérience de vie sera un précieux sésame pour cette épreuve, je suis autant à l’aise en solitaire qu’en équipe, avec la même force qui coule en moi. Je les regarde un à un, leurs yeux expriment leur détermination. Je crois même apercevoir des flammes naître. La combustion débute son travail dans mon crâne.

« Les candidats, vous êtes prêts ? Vous allez avoir une minute pour définir votre menu ! »

On se regarde et on se positionne naturellement en cercle. Une caméra vient se placer tout prêt.

Nos bras sont scellés en même temps que notre destin. Je ne perçois presque plus mon souffle.

« Vous êtes prêts ? C’est parti !!! »